vendredi 29 octobre 2010

Les élections ivoiriennes



les seuls leaders qui aient de l'importance pour moi,
Tous continents confondus
C'est ceux qui ne prennent pas
Le peuple en otage
En restant indéfiniment au pouvoir

Les seuls leaders qui aient de l'importance pour moi
c'est ceux qui savent partir du pouvoir
Qu'ils aient des raisons ou non de s'y  maintenir

Gbagbo et les autres ne seront crédibles
Tout comme Fidel Castro et le Che
Que le jour où ils sauront partir du pouvoir.

mardi 5 octobre 2010

Ma nouvelle gloire menacée !


S’il y a quand même une chose que je trouve de scandaleux, c’est pas qu’on m’ait jeté en taule pour des broutilles ! Moi, le défenseur autoproclamé des Sauveteurs camerounais, J’ai toujours su que les politiques de mon pays ne m’apprécient pas beaucoup. Surtout depuis que j’en suis allé jusqu’à remettre en cause leur gloutonnerie de pouvoir, leur longévité ad aeternam à la tête du pays ! Mais, de là à me jeter en taule en s’appuyant sur des accusations grossières, de casses de biens privés dans de petites manifs de rues, je ne pensais qu’ils puissent franchir le pas ! Ben voilà ! Ils l’on franchit ! Maintenant, il faut que je fasse avec à New-Bell[1]!
Les premiers jours de captivité, j’ai eu du mal à accepter mon nouveau statut, surtout endurer l’effroyable promiscuité et la cohabitation avec les taulards, ces pires rebuts de notre société, déjà si malade ! Il y a là de quoi, croyez-moi,  vous carboniser un esprit brillant !
Et puis, fatigué de brasser de l’air, de rêver d’une hypothétique libération, qui surviendrait aussi rapidement que les conditions assez surréalistes  de mon incarcération, je me suis habitué à mon état. Je me suis fait une planque dans ma cellule, non ! Disons plutôt que j’ai fait de ma cellule une planque ! Et aussi brusquement, alors que je ne m’y attendais plus, moi, qui avais même été lâché par ma communauté artistique nationale ; cette engeance artistique nationale, dont nul n’ignore d’ailleurs l’énorme inculture et la pathologique couardise, la voie s’est ouverte à moi ! Une voie de salut s’est dessinée, non plus du côté de mon pays, comme vous pouvez le deviner, mais plutôt de l’extérieur de celui-ci : quelques membres toujours actifs de la communauté internationale, assez discrets lors des premières semaines de mon interpellation, se sont rappelés de la mise sous scellés de ma modeste dégaine d’artiste !
Ils se sont rendus compte, non seulement qu’elle existe, mais qu’elle mérite des honneurs ! Résultat de cette effervescence qui n’est pas pour déplaire à votre humble gratteur de guitare, la reconnaissance internationale de mon combat et de ma personne, s’est faite ! Elle s’est faite  accompagnée de prix, qui font baver de jalousie plus d’un qui croyait assister, à la fin de ma sempiternelle présence, au sein du hit-parade des artistes majeurs de mon bout de territoire de pays ! Laissez-moi vous confier, maintenant que je respire un peu mieux, qu’un grand ne sera jamais un petit ! Un grand restera toujours un grand, quelles que soient  les difficultés rencontrées au cours de son existence !
Voilà ! J’avais déjà connu la gloire dans un registre différent : celui d’artiste flamboyant, pérorant sur toutes les salles de spectacle du pays ; et même sur quelques scènes de festivals internationaux ou mon discours engagé, tranchait avec la pratique musicale, sans queue ni tête, ambiante. Il se trouve maintenant que la condition de taulard me donnait droit à une autre popularité : celle d’un homme, injustement accusée et persécuté par ses pairs ; un auteur-compositeur engagé, dont la communauté internationale réclamait maintenant à cor et à cri la libération ! De là à ce que je devienne pour le monde entier, une icône symbolisant l’effroyable menace qui pèse sur la liberté d’expression et de prise de position des artistes, quant à la marche politique de leur pays, il n’y a qu’un pas à franchir… que je franchis d’ailleurs sans sourciller !  
Dans mon nouveau costume d’artiste martyrisé, tout allait donc pour moi pour le mieux, dans le meilleur des mondes possibles, lorsque j’appris aussi brusquement que ma nouvelle gloire, durement acquise dans ma cohabitation devenue volontaire, avec les assassins, les braqueurs, les enfants de la rue et les violeurs,  était menacée : certaines personnes s’avisaient, se proposaient par le canal de la grâce présidentielle, de me sortir manu militari de prison, avant que je n’aie purgé la totalité de ma peine ! Comme quoi, il y a toujours des empêcheurs de tourner en rond qui se croient autoriser de se mêler de vos oignons, sans aller jamais jusqu’à vous demander, ce que vous pensez de leur démarche ! 
Oh ! N’allez surtout pas croire que je tienne à rester en prison ! N’allez surtout pas vous imaginer que votre dingaman se soit trouvé une nouvelle vocation de bagnard ! Non ! Croyez-moi ! Je ne demande pas à rester en cabane autant que Nelson Mandela ! Lui, il a eu de la chance ! Surtout que Robben Island, n’est pas New-Bell ! Comparativement, Robben Island c’est même plutôt un palace ! Un camp de vacances ! Mais voilà ! Moi, je ne demande qu’une seule chose : purger la totalité de ma peine ! Je voudrais pouvoir jouir de ma notoriété d’artiste martyrisée, appelé à être reçue dans tous les endroits les plus respectables du monde libre, après sa sortie de prison ! Surtout que je suis promis à une fructueuse carrière politique après ça ! Quand même ! Un homme comme moi, ne fait pas un séjour en taule sans escompter récupérer les fruits de son incarcération abusive ! Et pour que je puisse récupérer ces fameux fruits, il est préférable pour moi de consommer la totalité de ma peine, plutôt que de sortir de manière prématurée, et de surcroît, après avoir recouru à l’aimable clémence de la dernière personne à qui, l’artiste talentueux que je suis, devrait s’adresser pour obtenir une telle chose ! Ce serait foutre volontairement et niaisement en l’air, tout le bénéfice de mon incarcération avec les assassins, les braqueurs, les enfants de la rue et les violeurs et les prostituées de New-Bell !

musiquescamerounaises.blogspot.com

[1] Prison centrale de la ville de Douala