En gros, il y a deux sortes d’ «intellectuels » et de «cadres » africains qui nous arrivent d’Occident. Il y a d’abord ceux qui reviennent en Afrique pour y travailler.
Ceux-là, pas très nombreux d’ailleurs, sont contents d’être de retour au pays. Ils faisaient même preuve d’une certaine impatience lorsqu’ils bûchaient encore leurs antisèches dans les « grandes écoles occidentales ».
Ces candidats-là, quand ils reviennent au mboa, connaissent l’état de précarité de leurs pays d’origine. Ils savent qu’ils ont un rôle plus ou moins important à jouer pour le développement du continent… ce ne sont pas toujours des donneurs de leçon… des rêveurs… ils oublient les facilités professionnelles des sociétés et des villes occidentales. Comme de petits ouvriers agricoles… chinois, ils retroussent les manches et se mettent résolument au travail.
Bien sûr, le tableau n’est pas parfait… idyllique. Dans leurs rangs, comme pour ceux qui sont restés au pays, il persiste aussi des éléments qui, amenés aux affaires, ont la main lourde sur les caisses de l’état, les pauvres petites richesses du pays. Mais, un fait positif demeure : malgré l’éventail de leurs tares, ils sont à pied d’œuvre, ils travaillent tant bien que mal au développement de leur continent…
Et les autres alors !?
Et puis… et puis il y a la deuxième catégorie. De curieux oiseaux, ceux-là… ! Victimes de discriminations en Occident, ils reviennent au bled, malgré eux, parce que les machines économiques de ces nations dites développées n’ont pas pu les intégrer !
Ils s’en reviennent aussi pour autant de raisons sournoises d’incompatibilité d’humeur et de… couleur dans des lieux de service enneigés… Bon ! Ce ne sont pas les principales raisons qui légitimeraient leur retour, mais elles méritent quand même d’être évoquées…
Attendez, ne soyez pas impatient ! C’est pas fini ! La liste est encore longue ! Certains reviennent aussi au quartier, parce qu’ils en ont marre de se taper les petits boulots minables dont ne veulent pas les Occidentaux dans leurs cités modernes ! …
D’autres, de manière plus basique, un peu comme pour les éléphants qui se cachent pour mourir, reviennent au village (s’ils sont encore en vie) pour y mourir et s’y faire enterrer simplement ! Comme quoi, la vie à l’étranger ça à du bon ! L’ensevelissement de sa dépouille mortelle au village, ça a encore plus de croquant ! C’est le must de l’accomplissement d’une vie d’errance ! Quand même ! On ne va pas se laisser bouffer par des asticots inconnus, alors que ceux du village vous attendent impatiemment !
Et comment est-ce qu’ils reviennent alors !?
Alors, ils rentrent finalement au bercail en affichant mission terminée sur leurs factices mallettes diplomatiques. Ils reviennent au quatt, mais ils reviennent nantis d’une mauvaise humeur à débiter à la tronçonneuse ! Nos fringants pigeons-voyageurs, trouvent qu’il fait toujours trop chaud au pays… que les villes comme les villages sont dans un état de délabrement lamentable… que leurs frères Noirs sont trop… noirs… !!! Qu’il règne une misère épouvantable autour d’eux… qu’aucun régime n’est véritablement démocratique… !
Ce qui est énervant dans leur discours, c’est pas qu’il ait tout faux par rapport à ce qu’ils affirment, mais plutôt qu’on ait l’impression qu’ils enfoncent une porte ouverte ! Mais enfin ! Tout le monde sait qu’il fait trop chaud en Afrique, qu’il n’y a pratiquement pas encore de régime véritablement démocratique ! Qu’on y crève de faim en chœur ! C’est pas difficile à savoir, ça… !!! Attrapez le moindre benskinneur dans la rue, il vous livrera la même chose !
Ce qu’ils semblent oublier…
Ce qu’ils semblent oublier, c’est qu’avant qu’ils ne s’expatrient, la situation était déjà celle-là qu’ils vilipendent… !
Ils vous crachent ça et sans transition vous font voyager sans décoller : ils se mettent à vous entretenir des avantages sociaux en vigueur dans les pays développés ; le métro, Les grands boulevards, la Sécu, les pâtes alimentaires, les fromages, les pompes, les chocolats, les yaourts, les débats politiques etc., et en gémissant, ils se demandent ce qu’ils sont revenus glander dans cet enfer africain…
Et voilà ce que le voyage de l’Occident a faits d’eux : de sacrés prolétaires reconvertis en salariés civilisés évoluant en milieu tropical éminemment hostile ! Ce qui est raisonnablement dangereux pour leur santé mental ! Que va-t-on pouvoir faire d’eux pour leur éviter la panne de courant… pardon, le pétage de câble, ce qui n’est pas la même chose ?
Un moment, j’ai pensé qu’il fallait leur offrir des billets d’avion retour pour l’Occident chrétien. Mais voilà, c’est pas forcément malin… ce n’est pas forcément la meilleure idée… Sarkozy et les autres, même Barack Obama n’ont pas plus besoin d’eux là-bas… chacun de ces hommes politiques, campe et protège son espace vital de l’envahissement des peuples barbares (j’exagère juste un peu)… et puis, ces dirigeants de nations dites développées, seraient capables de nous les renvoyer en charters ininterrompus… ça ferait désordre sur des pistes d’aéroports à trafic réduit… !!!
©Essombe Mouangue 2011
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