dimanche 13 mars 2011

Vous me décevez infiniment, Mr Ngongang !



Suite à votre à votre émission de ce mardi 2 mars[1], qui portait sur les années troubles de l’indépendance du Cameroun, survenue en 1960, je suis dans l’obligation de constater que avez passé le comble de l’imperfection (à la fin de l’émission)  en vous permettant de tancer l’un des panélistes en la personne de Thomas Destombes. Ce dernier se plaignait du fait que vu l’ineptie du débat, il regrettait d’avoir perdu deux bonnes heures dans des empoignades verbales sans véritable nécessité. Deux bonnes heures qu’il aurait pu occuper, selon lui, à meilleure escient ! A sa suite, je me joins à sa pensée, lui, qui vous présentait un travail de recherche mené selon les normes académiques et dont vous avez cru bon de lui imposer, la parole soi-disant contradictoire d’un Sieur professeur de l’IRIC, dont j’éviterais heureusement d’écorcher le nom.
Monsieur Ngongang, permettez-moi de vous dire, allant de ma petite expérience de la question, que ce qui intéresse les Camerounais, je veux dire le peuple camerounais, ce n’est pas l’étalage de tables rondes oisives montées autour de pantins qui usent d’une dialectique politique éculée pour leur empêcher d’en apprendre sur les véritables tenants de leur histoire. Ce qui captive les camerounais, croyez-moi, c’est d’en arriver à la reconstruction la plus fidèle possible, de leur histoire. De ce passé, jusqu’à preuve du contraire, tant malmené et falsifié par le côté parcellaire et incomplet de la version qui est servie à nos apprenants, dans les écoles, lycées et université du pays.  Et pour l’atteinte de cette mission d’information et d’éducation des masses, qui semble être celle que vous vous êtes donné, la meilleure visibilité dont on puisse arriver, doit leur être proposée, plutôt que la mise en place de confrontations verbales dont la finalité, n’est pas l’acquisition raisonnable de l’étude réalisée par l’invité du jour, c'est-à-dire de la connaissance exhaustive du sujet, mais le maladroit torpillage de celui-ci par des individus développant des arguments, fantaisistes, à la limite du ridicule. Déploiement d’arguties imposées, qui ne tiennent la route en général que dans les républiques bananières ! Enfin ! Tant que nos républiques décident de rester des républiques bananières ! Ce qui semble en être parfaitement le cas !
Les états d’âmes des uns et des autres, c’est-à-dire des familles politiques de la place, ne doivent donc pas rentrer en ligne de compte, face  à l’étalage d’évènements historiques dont tout quidam puis s’en faire la démonstration scientifique. Enfin, du moins,  s’il se veut faire preuve d’honnêteté intellectuelle et politique…
Monsieur Ngongang, vous voulez vous escrimer à monter des débats contradictoires ? Très bien ! C’est tout à fait votre droit et celui de votre chaîne. Vous êtes certainement payé pour ça ! Mais voilà ! Avant d’en arriver à l’organisation de débats véritablement contradictoires, la méthodologie scientifique voudrait qu’on en passe d’abord à l’énoncé du problème, au développement de la thèse soutenue jusqu’à l’épuisement de celle-ci, avant d’en attaquer la critique, qu’elle vienne de qui que ce soit.  Or, ça n’a pas été le cas concernant le travail réalisé au cours de votre émission de ce jour.  
Permettez donc à ce monsieur de s’indigner de cette perte de temps que vous lui avez infligé, lui qui s’attendait à venir faire part au Camerounais, à l’homme de la rue, de ces trouvailles historiques sur les années troubles et controversées qui ont mené à l’indépendance du Cameroun.  Permettez donc à ce monsieur qui vient d’une nation où les débats  de cet acabit n’ont plus droit de cité, de s’offusquer de l’inefficience même de ces heures qu’il aurait pensé bénéfiques pour les téléspectateurs de votre chaine ! Comprenez-le mon cher Ngongang, il ne s’attendait tout simplement pas à se trouver plongé au sein d’un marché de quartier, où au-delà  de la justesse des démonstrations proposées, celui qui gueule le plus fort est celui à qui l’on donne raison ! La prochaine fois, invitez-le plutôt à une foire d’empoigne ! Dites au sieur Destombes qu’il y a une bonne bagarre à mener sur un plateau de télévision. Prévenez-le de se ramener avec une grosse matraque pour casser des cranes qu’il faudra reformer, avant de pouvoir s’exprimer librement !
Monsieur Ngongang,  faire ce genre de proposition à Thomas Destombes en l’invitant à paraître dans votre émission serait plus honnête. Ceci correspondrait plus à la réalité  de vos arènes pour lions qui se sont trompés de combats et d’époques et même de chaîne de télévision !  Mais malheureusement, mis au courant de la véritable réalité de votre talk-show, même si ce serait pour vous faire plaisir, je puis vous assurer qu’il ne viendra pas ! S’il a une femme et des enfants à la maison, comme je le présume, ce monsieur préférerait s’en retourner dans sa piaule plutôt que de servir de caution à des personnalités politiques et autres à la parole et aux agissements  aussi douteux que les arguments qu’ils développent.  
Car s’agit-il bien de cela, M. Ngongang !? Votre but est-il d’inviter des intervenants qui ont des choses sérieuses à dire et de leur adjoindre sur le plateau, des guignols politiques dont la basse besogne est de brouiller délibérément  les cartes !?  Si tel est le cas, par mesure de bienséance, prenez la peine de faire part à vos invités de la mascarade mise en place. Par contre, si vous n’êtes pas dans l’optique de légitimation de figures et d’acteurs politiques rocambolesques, alors permettez que je vous fasse ces propositions, tout en me tenant au cas d’espèce de ce jour du 2 mars 2011.
1-      Lorsque vous êtes en présence d’intervenants qui auraient des communications historiquement importantes à mettre sur la place publique, plutôt qu’un oisif débat contradictoire, donner la possibilité à ces messieurs d’exposer pendant au moins deux bonnes heures, leurs thèses sur les sujets précités. Ils vous arrivent bien de recevoir par exemple, dans votre émission Entretien avec, des invités qui ne sont là que pour nous discourir inutilement de leurs cursus scolaires, comme si c’est cela qui fonderait leur action dans la société. D’autre-part, la chaîne où vous œuvrez, comme toutes les chaînes camerounaises, vidée du remplissage thématique folklorique journalier, disposerait d’assez d’heures d’antenne pour caser des communications de cette envergure. Il faudrait juste qu’au sein de votre rédaction, la volonté se fasse.
2-      Dans un deuxième temps, puisqu’il y a toujours des individus qui estimeraient que le message livré ne correspond pas à leur entendement de la chose, il ne vous resterait plus qu’à ouvrir l’antenne à ses contradicteurs en leur accordant, évidemment, un temps de passage équivalent. Les choses ainsi définies et faites, il ne restera plus qu’aux téléspectateurs à séparer le bon vin de l’ivraie. Et j’ose vous  garantir que selon votre posture, vous serez agréablement ou désagréablement surpris par les écarts de point d’audimat entre le passage pour exemple, du sieur Thomas Descombes dans un premier temps, et dans un deuxième temps, celui de son principal contradicteur de la soirée, le sieur professeur de l’IRIC, dont j’éviterais toujours d’écorcher le nom ! Et n’allez pas surtout me demander pourquoi !
Alors mon cher Ngongang, avec tout le respect que je peux développer pour votre si difficile métier en République bananière, arrêtez de prendre les Camerounais pour des idiots, car même désunis par des jeux politiques, tournant autour de l’ethnocentrisme, pour éviter de parler de tribalisme, ils n’en seront jamais pour autant des demeurés !


[1] Sur la chaîne camerounaise STV présente sur le satellite.